Imaginez : un collaborateur saisit les prud’hommes pour contester ses horaires. Faute de dispositif fiable de suivi du temps de travail, l’entreprise est condamnée. Cette situation est plus fréquente qu’on ne le croit : la Cour de cassation rappelle régulièrement que c’est à l’employeur de prouver les heures réellement effectuées par ses salariés.
Depuis un arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne (2019), les employeurs doivent d’ailleurs mettre en place un système objectif et accessible permettant de mesurer le temps de travail quotidien. En France, l’Inspection du travail souligne que l’absence de suivi expose à des risques financiers et sociaux majeurs.
Pour les DRH et responsables RH, le suivi du temps ne peut donc pas se limiter à un outil de pointage. C’est à la fois :
- une garantie de conformité face aux obligations légales,
- un levier de transparence pour renforcer la confiance avec les salariés,
- et une source précieuse de données RH pour piloter la performance et anticiper les besoins.
Dans ce guide pratique, nous allons revenir sur les obligations légales, les méthodes de suivi possibles, les critères pour choisir un logiciel de gestion du temps adapté, ainsi que les bonnes pratiques pour réussir sa mise en place en PME.
Suivi du temps de travail : définition et différences avec la gestion du temps
Avant de plonger dans les aspects juridiques et pratiques, il est essentiel de clarifier ce que l’on entend par suivi du temps de travail. Beaucoup d’entreprises confondent encore ce suivi avec la gestion du temps, alors qu’il s’agit de deux démarches différentes. Cette distinction est fondamentale pour les DRH : le premier répond à une obligation légale, le second relève d’un choix organisationnel.
Quels sont les frais remboursables par l’entreprise ?
Le suivi du temps de travail consiste à enregistrer, de façon quotidienne, les heures réellement effectuées par chaque salarié (heures de début, de fin, pauses, heures supplémentaires). Cela permet à l’employeur de :
- justifier les heures travaillées en cas de contrôle ou de litige ;
- assurer le respect des durées légales imposées par le droit du travail ;
- alimenter la paie avec des données fiables ;
- obtenir des indicateurs RH pour piloter la charge de travail, l’absentéisme ou les surcoûts horaires.

L’importance juridique de ce rôle est renforcée par la jurisprudence européenne. Dans l’arrêt C-55/18 (CCOO) du 14 mai 2019, la Cour de justice de l’Union européenne a jugé que « les États membres doivent imposer aux employeurs l’obligation de mettre en place un système objectif, fiable et accessible permettant de mesurer la durée du temps de travail journalier ». (Source : Berton Associés)
En France, cette exigence est appliquée au travers des dispositions du Code du travail, notamment l’article L3171-4 qui prévoit que « si le décompte des heures est assuré par un système d’enregistrement automatique, celui-ci doit être fiable et infalsifiable ».
Suivi du temps vs gestion du temps : éviter la confusion
Il est fréquent de confondre suivi du temps et gestion du temps, mais ces deux notions répondent à des finalités différentes :
- Suivi du temps (réactif / a posteriori)
Il s’agit de mesurer ce qui a été fait, après coup. Le dispositif de suivi vise à enregistrer les heures effectives afin d’assurer la conformité et la traçabilité.
- Gestion du temps (proactif / à venir)
C’est la discipline qui consiste à planifier, organiser et répartir les tâches, les horaires et la charge de travail, avant qu’elles ne soient exécutées. Elle joue un rôle dans l’optimisation, l’anticipation et l’équilibre des équipes.
Ces deux approches sont complémentaires, mais leur confusion peut affaiblir la stratégie RH :
- Si on croit que « planifier » suffit, on risque d’aller à l’aveugle et de ne pas pouvoir justifier les écarts.
- Si on se concentre uniquement sur le suivi, sans planification, on manque d’anticipation et de pilotage.
En matière juridique, ce qui compte aux yeux du juge ou de l’inspection du travail, c’est le suivi fiable et traçable du temps réellement travaillé, pas seulement la planification.
Suivi du temps et droit du travail : obligations et risques pour l’employeur
Le suivi du temps de travail n’est pas une option : il s’agit d’une obligation légale en France, inscrite dans le Code du travail et régulièrement rappelée par la jurisprudence. L’employeur doit être en mesure de prouver, à tout moment, la durée de travail de ses salariés. En cas de litige, c’est à lui de démontrer que les règles de durée, de repos et d’heures supplémentaires ont bien été respectées.
Les règles incontournables (durée légale, repos, heures sup)
Le suivi du temps de travail existe pour une raison simple : le Code du travail encadre strictement la durée du travail et impose à l’employeur de pouvoir en justifier le respect. Les principales règles sont les suivantes :
- Durée légale hebdomadaire : 35 heures
- Durée maximale quotidienne : 10 heures par jour, sauf dérogations
- Durée maximale hebdomadaire : 48 heures sur une semaine isolée, ou 44 heures en moyenne sur 12 semaines consécutives
- Repos quotidien : minimum 11 heures consécutives (Article L3131-1) et repos hebdomadaire de 24 heures consécutives
- Heures supplémentaires : elles doivent être enregistrées et donner lieu soit à une rémunération majorée, soit à un repos compensateur
👉 Ces règles s’appliquent à toutes les entreprises, quels que soient leur taille et leur secteur d’activité. Sans un dispositif de suivi fiable, il est impossible pour un employeur de démontrer leur respect.

Quels salariés sont concernés ?
Le suivi du temps s’applique à tous les salariés, y compris aux cadres.
- Les salariés au forfait heures (hebdomadaire, mensuel, annuel) doivent avoir un décompte précis de leurs heures.
- Les salariés au forfait jours ne sont pas soumis à un suivi horaire classique, mais l’employeur doit mettre en place un suivi spécifique garantissant le respect des repos et la charge de travail raisonnable (article L3121-64).
- Même les salariés itinérants ou en télétravail doivent avoir un suivi fiable, souvent via des logiciels ou systèmes de déclaration.
Sanctions et risques en cas de manquement
Ne pas assurer un suivi fiable du temps de travail expose l’employeur à plusieurs risques :
- Sanctions administratives : l’Inspection du travail peut dresser un constat d’infraction en cas de non-respect des durées maximales ou de défaut de décompte.
- Litiges prud’homaux : si le salarié conteste ses horaires, le juge peut retenir ses déclarations en l’absence de preuve contraire de l’employeur (Article L3171-4 du Code du travail).
- Travail dissimulé : en cas de manquement répété, l’absence de suivi peut être assimilée à une dissimulation d’heures travaillées (Article L8221-5).
- Responsabilité en santé au travail : le non-respect des temps de repos peut engager la responsabilité de l’employeur en cas d’accident ou d’atteinte à la santé des salariés.

Lucca Feuilles de temps,
Gagnez du temps en automatisant le suivi du temps de travail
Pourquoi le suivi du temps est devenu un levier RH stratégique
Si le suivi du temps est d’abord une obligation légale, il représente aussi un formidable outil pour renforcer la gouvernance RH. Bien utilisé, il contribue autant à sécuriser l’entreprise qu’à améliorer son fonctionnement et son climat social.
Assurer la conformité et protéger l’entreprise
Le premier bénéfice reste la sécurité juridique. En disposant de relevés précis, l’employeur peut prouver le respect des durées maximales et des repos, limiter les litiges et éviter les accusations de travail dissimulé.
👉 En 2023, 8,8 millions de salariés ont effectué des heures supplémentaires rémunérées, soit 53 % des salariés du secteur privé à temps complet dont le temps est décompté en heures ; lorsqu’ils en réalisent, c’est 104 heures en moyenne sur l’année. (Source : DARES, 2023) Ces volumes rendent indispensable un suivi fiable pour une paie juste et opposable.
Piloter la performance RH grâce aux indicateurs de temps
Un dispositif de suivi moderne ne se limite pas à comptabiliser les heures : il fournit des indicateurs clés pour le pilotage RH :
- taux d’absentéisme par service,
- volume d’heures supplémentaires par équipe,
- écarts entre temps prévu et temps réellement effectué,
- répartition du temps par projet ou client (dans les entreprises de services).
- taux d’absentéisme par service,
- volume d’heures supplémentaires par équipe,
- écarts entre temps prévu et temps réellement effectué,
- répartition du temps par projet ou client (dans les entreprises de services).
👉 Ces données permettent d’objectiver les décisions RH (recrutement, réorganisation, gestion des coûts salariaux).
Par exemple, une PME qui constate une hausse régulière des heures supplémentaires dans son service logistique peut justifier auprès de la direction générale l’ouverture d’un nouveau poste.
Les deux approches présentent des intérêts différents et il est important de les connaître avant de choisir une politique interne.
Les méthodes de suivi du temps : quelle solution pour votre entreprise ?
Toutes les entreprises doivent suivre le temps de travail de leurs salariés, mais la façon de le faire varie énormément selon la taille, la culture et les moyens techniques disponibles. Voici un panorama des principales méthodes, avec leurs avantages et limites.
La saisie manuelle (feuilles de temps papier ou Excel)
C’est la méthode la plus simple et la plus répandue, en particulier dans les PME et TPE :
- Papier : feuilles de pointage signées par le salarié et validées par le manager.
- Excel : fichiers partagés où chaque salarié renseigne ses heures.
✅ Avantages :
- coût quasi nul,
- simplicité de mise en œuvre,
- adapté aux structures très petites.
❌ Limites :
- risque d’erreurs de saisie ou d’oubli,
- absence de traçabilité fiable (modifications possibles),
- perte de temps administratif pour les RH.
Badgeuses et terminaux physiques
La badgeuse est l’outil historique du suivi du temps en entreprise. Installée à l’entrée des locaux, elle permet aux salariés de “pointer” leurs arrivées, départs et pauses à l’aide d’un badge magnétique ou biométrique. Les données sont ensuite centralisées pour alimenter la paie.
La badgeuse est l’outil historique du suivi du temps en entreprise. Installée à l’entrée des locaux, elle permet aux salariés de “pointer” leurs arrivées, départs et pauses à l’aide d’un badge magnétique ou biométrique. Les données sont ensuite centralisées pour alimenter la paie.
✅ Avantages :
- système robuste, difficilement contestable en cas de litige,
- adapté aux environnements industriels, logistiques ou multi-sites,
- constitue une preuve solide face à l’Inspection du travail ou aux prud’hommes.
❌ Limites :
- investissement initial important (achat du matériel, maintenance, mises à jour),
- rigidité : peu adapté aux salariés itinérants ou en télétravail,
- perception négative possible si les salariés y voient un outil de “flicage”.

Logiciels et applications cloud, adaptés au télétravail
Les solutions digitales permettent aux collaborateurs de saisir ou valider leurs temps directement depuis un ordinateur ou une application mobile. Les données sont stockées dans le cloud, sécurisées, et souvent intégrées à la paie et aux autres modules SIRH.
✅ Avantages :
- flexibilité totale : multi-sites, mobilité, télétravail, horaires décalés,
- traçabilité conforme au Code du travail (systèmes fiables et infalsifiables),
- intégration directe avec la paie et reporting automatisé,
- meilleure expérience collaborateur : interface intuitive, notifications, accès en libre-service.
❌ Limites :
- coût d’abonnement (par salarié/mois),
- besoin d’accompagnement et de formation au démarrage.

Choisir un logiciel de suivi du temps : les critères qui comptent vraiment
Face à la multitude d’outils RH disponibles sur le marché, choisir le bon logiciel peut vite devenir un casse-tête. Pour une PME, il ne s’agit pas seulement de trouver un système conforme : le choix doit aussi tenir compte de l’intégration avec les autres outils RH, de l’expérience utilisateur et du retour sur investissement. Voici les trois critères essentiels à examiner avant de vous décider
Les fonctionnalités indispensables pour une PME
Face à la multitude d’outils disponibles sur le marché, choisir le bon logiciel peut vite devenir un casse-tête. Pour une PME, il ne s’agit pas seulement de trouver un système conforme : le choix doit aussi tenir compte de l’intégration avec les autres outils RH, de l’expérience utilisateur et du retour sur investissement. Voici les trois critères essentiels à examiner avant de vous décider
Le suivi du temps de travail consiste à enregistrer, de façon quotidienne, les heures réellement effectuées par chaque salarié (heures de début, de fin, pauses, heures supplémentaires). Cela permet à l’employeur de :
- Pointage et saisie simplifiés : en un clic via ordinateur ou application mobile.
- Gestion des heures supplémentaires : calcul automatique, validation par le manager, intégration dans la paie.
- Suivi des absences et congés : centralisation des demandes et validations.
- Reporting RH : indicateurs sur la charge de travail, l’absentéisme, les écarts prévisionnel / réalisé.
- Conformité légale : système fiable et infalsifiable, conforme aux exigences du Code du travail (articles L3171-2 et L3171-4).

ROI, ergonomie et sécurité : comment comparer les solutions
Au-delà des fonctionnalités, trois critères différencient réellement les solutions sur le marché :
- Ergonomie & adoption : interface intuitive, notifications, libre-service collaborateur. Plus l’outil est fluide, plus son adoption sera rapide.
- ROI (retour sur investissement) : un logiciel doit faire gagner du temps aux RH (moins de saisie manuelle), réduire les litiges et fiabiliser la paie → des économies mesurables dès la première année.
- Sécurité & conformité RGPD : hébergement des données en France/UE, accès sécurisé, traçabilité des modifications.
La checklist pour les DRH pour comparer deux logiciels :
- L’outil est-il conforme au Code du travail (L3171-2 et L3171-4) ?
- S’intègre-t-il facilement avec ma paie (Sage, Cegid, Lucca…) ?
- L’interface est-elle intuitive pour mes salariés ?
- Quels indicateurs RH puis-je en tirer ?
- Quel est le coût total (abonnement + formation) et le ROI attendu ?
Conclusion : transformer le suivi du temps en avantage stratégique RH
Le suivi du temps de travail n’est pas seulement une obligation légale : c’est aussi un levier de performance et de transparence pour l’entreprise. Bien structuré, il permet de sécuriser l’organisation sur le plan juridique, d’instaurer la confiance avec les collaborateurs et de fournir aux RH des données fiables pour piloter les effectifs et optimiser les coûts.
Avec la généralisation du télétravail et la mobilité des équipes, les solutions digitales se sont imposées comme la réponse la plus adaptée. En automatisant le suivi et en intégrant directement les données dans la paie et le SIRH, elles transforment une contrainte administrative en un outil de pilotage stratégique.
👉 Parmi ces solutions, Lucca fait figure de référence pour les PME françaises. Sa suite SIRH (notamment Timmi Temps) offre un suivi simple, ergonomique et conforme au Code du travail, tout en donnant aux managers et aux RH une vision claire pour améliorer l’organisation et anticiper les besoins