Dans un contexte où les enjeux sociétaux et environnementaux n’ont jamais pris une telle ampleur, le reporting extra-financier est le moyen pour les entreprises de valoriser leurs actions et leurs impacts en matière environnementale et sociale. Pour les entreprises, au-delà de la rentabilité, cela leur permet de s’inscrire dans une démarche de développement durable et de mesurer leur responsabilité sociale.
Une étude menée par le MEDEF, Deloitte et EY a ainsi révélé que :
- 57% des entreprises se sont fixées des objectifs en matière d’égalité femmes-hommes
- 58% des entreprises ont des objectifs en matière de sécurité au travail
Envie d’en savoir plus sur le reporting extra-financier ? Découvrez dans cet article toutes les clés pour s’inscrire dans une démarche RSE et développement durable.
Qu’est-ce que le reporting extra financier ?


Retenez que le reporting extra financier est avant tout un rapport prenant en compte des informations non financières. A ne pas confondre avec le reporting financier, il a pour particularité de fournir des informations précises sur le modèle de gouvernance des entreprises. Outre cela, il renseigne sur les impacts de leurs actions au plan social, environnemental et sociétal (ESG). C’est pourquoi on le désigne également par reporting ESG ou rapport RSE.
Le reporting extra-financier est un pilier de la responsabilité sociale des entreprises permettant d’aller bien au-delà des données financières de leurs activités.
L’idée que l’activité des entreprises a des conséquences économiques mais aussi sociales et environnementales s’est peu à peu imposé en France, en Europe mais aussi au niveau international donnant lieu à des réglementations. En France, ce document est représenté par la déclaration de performance extra financière des entreprises (DPEF).
Qui est concerné par l’obligation d’un reporting extra financier ?
Le reporting extra financier est encadré par des lois qui sont inscrites dans le Code du Commerce. Il s’agit de la directive du 22 octobre 2014 qui sera plus tard élargie en droit national en 2017.
D’après le décret de juillet 2017, vous devez insérer dans le reporting extra financier les points suivants :
- La présentation minutieuse des activités de la société ainsi que la part de l’aire des sites qu’elle détient ;
- Une analyse des principaux risques en matière de responsabilité sociétale des entreprises ;
- Les politiques mis en application et les démarches de diligence raisonnable ;
- Les effets des politiques et les indicateurs de performance ;
- Les réglementations et les entreprises concernées.
L’obligation de reporting extra-financier (aussi appelé Déclaration de performance extra-financière ou DPEF) concerne un nombre croissant d’entreprises, en particulier dans le cadre du renforcement de la réglementation européenne avec la directive CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive).
Voici les catégories d’entreprises concernées, selon le cadre en vigueur à partir de 2025 (sur les données 2024) :
🔹 1. Les grandes entreprises
Depuis la directive NFRD (Non-Financial Reporting Directive), et renforcé avec la CSRD, sont concernées :
✅ Si elles remplissent au moins deux des trois critères suivants :
Plus de 250 salariés
Plus de 40 millions d’euros de chiffre d’affaires
Plus de 20 millions d’euros de total de bilan
Ces entreprises doivent publier des informations sur :
Les enjeux environnementaux
Les questions sociales et de gestion des ressources humaines
Le respect des droits de l’homme
La lutte contre la corruption
La diversité au sein des organes de gouvernance
🔹 2. Les entreprises cotées en bourse, y compris les PME cotées (à partir de 2026)
À partir de 2026 (sur les données 2025), les PME cotées (hors micro-entreprises) devront également publier un reporting extra-financier simplifié.
🔹 3. Les filiales de groupes étrangers
Les filiales européennes de groupes non européens sont concernées à partir de 2028, si :
Le chiffre d’affaires du groupe dans l’UE dépasse 150 millions d’euros,
Et que la filiale génère au moins 40 millions d’euros de CA dans l’UE.
🔹 4. Les entreprises de plus de 500 salariés (ancien régime NFRD)
Elles sont déjà soumises à la DPEF depuis plusieurs années, et sont les premières concernées par la CSRD dès 2025 (sur les données 2024).
Synthèse : Quand s’applique la CSRD ?
Type d’entreprise | Date d’application (CSRD) | Exercice concerné |
---|---|---|
Grandes entreprises déjà soumises à la NFRD | 2025 | Exercice 2024 |
Grandes entreprises non encore concernées | 2026 | Exercice 2025 |
PME cotées (hors micro-entreprises) | 2027 | Exercice 2026 |
Groupes non-européens avec CA > 150 M€ dans l’UE | 2029 | Exercice 2028 |
Les thématiques du reporting extra-financier
Le reporting extra-financier repose sur trois grandes thématiques principales : le social, le sociétal et l’environnement. Ces piliers permettent d’évaluer l’impact global de l’entreprise au-delà de sa performance économique et financière. Cet outil de reporting vise à renforcer la transparence, à responsabiliser les organisations et à valoriser leurs engagements en matière de développement durable.
La dimension sociale : les ressources humaines au cœur des enjeux
La thématique sociale concerne l’ensemble des pratiques liées à la gestion du capital humain. Elle reflète la manière dont l’entreprise prend soin de ses salariés et contribue à leur épanouissement.
Les principaux axes abordés sont :
L’emploi : volume des effectifs, évolution des embauches, types de contrats, turnover.
L’organisation du travail : conditions de travail, télétravail, équilibre vie pro/perso, temps de travail.
La santé et la sécurité : prévention des risques professionnels, accidents du travail, dispositifs de protection.
La formation et le développement des compétences.
La diversité et l’inclusion : égalité femmes-hommes, intégration des personnes en situation de handicap, lutte contre les discriminations.
La dimension sociétale : l’impact de l’entreprise sur son écosystème
Le volet sociétal du reporting extra-financier analyse la contribution de l’entreprise à la société au sens large, c’est-à-dire son rôle en tant qu’acteur économique local et responsable.
Cela inclut :
L’impact territorial, économique et social de l’activité (emplois locaux, implication dans la vie du territoire, achats responsables…).
Les relations avec les parties prenantes : dialogue avec les clients, investisseurs, ONG, collectivités, syndicats…
Les relations avec les fournisseurs et sous-traitants, notamment sur les critères éthiques, sociaux et environnementaux.
Le respect des droits humains, y compris dans la chaîne de valeur (conditions de travail, droits fondamentaux, vigilance).
La dimension environnementale : vers un modèle plus durable
L’aspect environnemental du reporting extra-financier vise à mesurer et à améliorer la performance écologique de l’entreprise, en lien avec la transition énergétique et la lutte contre le changement climatique.
Les principaux sujets traités sont :
La politique environnementale globale de l’entreprise.
La gestion des ressources naturelles : eau, matières premières, énergie.
La lutte contre la pollution : émissions de gaz à effet de serre (GES), rejets, nuisances.
La gestion des déchets et le recyclage.
L’éco-conception et le développement de produits/services durables.
La biodiversité, la préservation des écosystèmes et l’adoption de modèles basés sur l’économie circulaire.
Reporting extra financier, DPEF et reporting RSE, quelles différences ?
Ces trois notions — reporting extra-financier, DPEF et rapport RSE — sont souvent confondues car elles sont liées à la communication des engagements sociaux, environnementaux et de gouvernance des entreprises. Mais elles ont des différences importantes en termes de cadre réglementaire, contenu et portée.
Voici un tableau récapitulatif suivi d’une explication détaillée :
Terme | Statut | Obligation | Cible | Objectif | Contenu | Cadre juridique |
---|---|---|---|---|---|---|
Reporting extra-financier | Terme générique | Peut être obligatoire ou volontaire | Grandes entreprises, PME cotées, groupes internationaux (selon la CSRD) | Rendre compte des impacts ESG (Environnement, Social, Gouvernance) | ESG, stratégie durable, indicateurs de performance | Directive CSRD (ex-NFRD) |
DPEF (Déclaration de performance extra-financière) | Document réglementaire | Obligatoire pour certaines grandes entreprises | >250 salariés + seuils financiers | Démontrer la prise en compte des enjeux sociaux et environnementaux dans le modèle économique | Risques ESG, politique RSE, indicateurs clés | Article L.225-102-1 du Code de commerce |
Rapport RSE | Terme non réglementaire (souvent volontaire) | Pas obligatoire sauf s’intégrée à la DPEF | Toute entreprise, surtout les PME engagées | Communiquer sur la stratégie et les actions RSE | Politique RSE, actions internes, engagements | Pas de cadre légal strict |
Explications détaillées :
1. Le reporting extra-financier
C’est un terme générique qui englobe tous les documents ou processus permettant de publier des informations non financières : environnement, social, éthique, gouvernance.
Ce reporting peut prendre plusieurs formes (DPEF, rapport intégré, rapport RSE…).
Depuis la directive CSRD, ce reporting devient plus normé et obligatoire pour un plus grand nombre d’entreprises.
Il devra respecter les normes ESRS (European Sustainability Reporting Standards).
2. La DPEF (Déclaration de Performance Extra-Financière)
C’est la forme légale du reporting extra-financier en France (depuis 2017, ordonnance transposant la directive NFRD).
Elle est obligatoire pour :
Les entreprises de plus de 500 salariés
Avec un CA > 40 M€ ou un total bilan > 20 M€
Doit être intégrée au rapport de gestion et respecter un certain formalisme.
Son contenu est assez structuré : description du modèle d’affaires, risques ESG, politique appliquée, résultats, etc.
3. Le rapport RSE
C’est un document volontaire, à visée plutôt communicationnelle.
Il est souvent utilisé par les PME qui veulent valoriser leurs actions RSE sans être soumises à des obligations légales.
Moins normé, il peut être intégré dans un site web, une brochure PDF, ou dans une page institutionnelle.
Il permet de valoriser les engagements RSE auprès des clients, partenaires, collaborateurs et investisseurs.
Que doit contenir un reporting extra-financier ?
Le reporting extra-financier, désormais encadré par la directive européenne CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive), est un outil structurant qui permet aux entreprises de démontrer leur engagement concret en matière de développement durable, de responsabilité sociale et de gouvernance éthique.
Ce rapport ne se limite pas à une formalité réglementaire : il reflète la stratégie, la maturité et la capacité d’une entreprise à intégrer les enjeux ESG (Environnement, Social, Gouvernance) dans son modèle d’affaires. Voici les éléments clés à inclure pour construire un reporting et des tableaux de bords complets, crédibles et conformes.
1. Présentation du modèle d’affaires
Le rapport débute par une description synthétique mais stratégique du modèle économique de l’entreprise. Cette partie sert de socle pour comprendre la manière dont les enjeux ESG s’inscrivent dans les activités.
On y trouve :
Une présentation des produits ou services proposés.
La description des segments de marché ciblés et des canaux de distribution.
L’identification des ressources clés (humaines, technologiques, financières).
Le rôle des parties prenantes dans la chaîne de valeur.
Une vision claire des objectifs à moyen et long terme.
Cette section est capitale pour donner du sens au reste du reporting : elle permet de relier les actions RSE aux réalités opérationnelles de l’entreprise.
2. Analyse des risques ESG
Un dashboard de qualité doit montrer que l’entreprise a identifié et évalué les risques susceptibles d’avoir un impact sur son activité, sur la société ou sur l’environnement.
Parmi les principaux risques à documenter :
Risques climatiques (transition énergétique, dépendance aux énergies fossiles, changement climatique).
Risques sociaux (absentéisme, turnover, conflit social, atteintes aux droits sociaux).
Risques de réputation (manquements éthiques, non-conformité réglementaire).
Risques liés à la chaîne d’approvisionnement (sous-traitance à l’international, conditions de travail, droits humains).
Il est également pertinent d’expliquer la méthodologie utilisée pour identifier ces risques (cartographie, analyse de matérialité, etc.).
3. Politiques RSE et mesures mises en œuvre
Pour chaque enjeu ou risque identifié, ce pilotage d’entreprise doit présenter de manière détaillée les politiques RSE mises en place. Cela permet de démontrer que les engagements ne sont pas que théoriques, mais se traduisent par des actions concrètes et mesurables.
Par exemple :
Une politique de réduction des émissions carbone, appuyée par un plan de mobilité durable ou des investissements dans des énergies renouvelables.
Un plan d’action pour la diversité et l’égalité professionnelle, incluant des formations à la non-discrimination et un suivi par indicateurs.
Une charte éthique fournisseurs, intégrant des critères sociaux et environnementaux dans les appels d’offres.
4. Indicateurs de performance et résultats mesurés
Un bon reporting doit s’appuyer sur des KPI (indicateurs clés de performance) fiables, comparables dans le temps, et pertinents au regard des activités de l’entreprise.
Quelques exemples d’indicateurs ESG :
Environnement : taux de recyclage, consommation énergétique, émissions de CO₂ (Scopes 1, 2 et 3), volume d’eau utilisé.
Social : taux d’accidents du travail, nombre d’heures de formation par salarié, pourcentage de salariés en télétravail.
Gouvernance : part de femmes dans les instances dirigeantes, taux de couverture par un code éthique, nombre d’alertes traitées via une ligne de signalement.
Ces données doivent être accompagnées d’une analyse des résultats et, si possible, d’objectifs à court, moyen et long terme.
5. Gouvernance de la RSE
Le reporting extra-financier doit aussi refléter la structure de gouvernance RSE au sein de l’entreprise. Cela témoigne de l’importance accordée à ces sujets au plus haut niveau décisionnel.
On y retrouve :
Le nom du ou des responsables RSE.
L’existence d’un comité dédié (comité RSE, comité éthique, etc.).
Le rôle de la direction générale ou du conseil d’administration dans la supervision des sujets ESG.
L’intégration de la RSE dans la stratégie globale et les décisions d’investissement.
6. Dialogue avec les parties prenantes
Un reporting complet doit mettre en lumière la manière dont l’entreprise interagit avec ses parties prenantes, qu’il s’agisse de partenaires internes (salariés, représentants du personnel) ou externes (clients, fournisseurs, collectivités, ONG…).
Cela peut inclure :
La tenue régulière de consultations ou enquêtes de satisfaction.
Des actions de co-construction de projets locaux.
L’élaboration d’une politique d’achats responsables intégrant des clauses sociales ou environnementales.
La publication d’une charte de transparence sur les relations avec les parties prenantes.
7. Cadre réglementaire et référentiels utilisés
Enfin, il est crucial de préciser dans le rapport :
Le cadre légal suivi : DPEF, CSRD, ou normes spécifiques à un secteur.
Les normes et référentiels utilisés comme base :
GRI (Global Reporting Initiative)
SASB (Sustainability Accounting Standards Board)
ISO 26000
TCFD (Task Force on Climate-related Financial Disclosures)
ESRS (normes européennes obligatoires dans le cadre de la CSRD)
Indiquer également si le reporting a fait l’objet d’une vérification par un organisme tiers indépendant (OTI), ce qui renforce la crédibilité des données publiées.
Les bonnes pratiques du reporting extra financier
Le reporting extra-financier, encadré notamment par la directive CSRD, permet aux entreprises de démontrer leur engagement concret en matière d’environnement, de responsabilité sociale et de gouvernance (ESG). Bien plus qu’un simple document réglementaire, il reflète la stratégie durable de l’entreprise.
1. 🎯 Aligner le reporting sur la stratégie
Le reporting doit refléter les priorités stratégiques de l’entreprise. Il s’appuie sur les enjeux matériels, c’est-à-dire ceux qui ont un impact réel sur l’activité ou les parties prenantes.
2. 📊 Fournir des données claires et comparables
La transparence passe par des indicateurs ESG fiables, cohérents dans le temps et mesurables. Il est essentiel de :
Publier des données sur plusieurs années,
Expliquer les méthodes de calcul,
Utiliser des référentiels reconnus (GRI, ESRS…).
3. 🧩 Structurer le rapport avec clarté
Un rapport efficace est lisible et structuré :
Une organisation logique (modèle d’affaires > risques > actions > résultats),
Des visuels et tableaux pour illustrer les données (des fonctionnalités de datavisualisation et de datastorytelling sur les outils BI peuvent être utiles),
Un résumé pour les parties prenantes pressées.
4. 🗣 Impliquer les parties prenantes
Un reporting pertinent repose sur un dialogue actif avec les parties prenantes (salariés, clients, fournisseurs, collectivités). Mener une analyse de matérialité renforce la crédibilité du rapport.
5. 🕵️♂️ Être transparent sur les limites
Mentionner les données manquantes, les difficultés rencontrées ou les marges de progression renforce la sincérité du rapport. Le reporting doit refléter une démarche d’amélioration continue.
6. 🔄 Assurer la cohérence dans le temps
Pour suivre l’évolution, il faut :
Garder une structure stable,
Expliquer les changements de méthode ou de périmètre,
Comparer les résultats d’une année sur l’autre.
7. ✅ Respecter le cadre réglementaire
Le rapport doit mentionner le cadre légal (CSRD, DPEF…) et les normes utilisées. Si possible, le faire vérifier par un organisme tiers indépendant pour renforcer sa fiabilité.
8. 🌐 Rendre le rapport accessible
Le reporting doit être publié en ligne, en version lisible et téléchargeable. Il peut aussi faire l’objet d’une version synthétique destinée à vos collaborateurs ou partenaires.
9. 📅 Anticiper et planifier
Un bon reporting se construit toute l’année. Il est important de :
Anticiper la collecte des données,
Mobiliser les services concernés,
Prévoir des délais de relecture et de validation.
10. 💡 Valoriser l’impact positif
Enfin, le reporting est un outil pour mettre en lumière vos actions concrètes : projets durables, innovations sociales, engagements locaux… Un excellent moyen de se démarquer auprès de vos clients, talents et investisseurs.
Un exemple concret de reporting extra financier
Comme exemple de reporting extra financier réalisé par une entreprise, on peut citer celui réalisé par Biocoop, un réseau de magasins bio.
Son rapport d’activité de 2019 est subdivisé en 5 chapitres dont la présentation, les engagements tenus ainsi que le mode de gouvernance. De plus, ses combats et ses engagements pour des produits accessibles aux Français et la mesure de sa performance sont mis en évidence. Cette entreprise socialement responsable, se positionne comme une entreprise durable.
Le rapport extra financier de Biocoop est enrichi par des infographies, des schémas et des photos. Il se révèle un meilleur exemple étant donné qu’il s’est engagé sur 12 enjeux RSE.
Des solutions BI peuvent vous permettre de construire ce reporting RSE de manière simple et visuelle à l’exemple de Microsoft Power BI et de MyReport (anciennement Report One).