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Congés payés imposés : ce que l’employeur peut faire en 2025

Peut-on imposer des dates de congés à ses salariés ? Cette question cruciale touche 2,5 jours ouvrables de congés payés acquis chaque mois par 18 millions de salariés français. Entre délais de prévenance de 2 mois, limite légale de 24 jours ouvrables consécutifs et interdiction formelle en cas de chômage partiel, les congés payés imposés obéissent à des règles strictes définies par le Code du travail. Comment naviguer entre fermeture annuelle, circonstances exceptionnelles et droits des salariés ?

 

Ce guide complet examine d’abord les délais légaux obligatoires, puis les cas autorisant l’imposition de congés, les situations spécifiques (chômage partiel, rupture conventionnelle), et enfin les recours possibles pour les salariés. Découvrez comment organiser légalement vos congés payés imposés tout en respectant les droits de vos équipes et en évitant tout risque de contentieux.

Les règles légales des congés payés imposés

Les congés payés imposés constituent un pouvoir de direction encadré par le Code du travail. L’employeur peut effectivement fixer les dates de congés, mais uniquement en respectant un cadre légal strict qui protège les salariés tout en permettant l’organisation de l’activité.

Délais de prévenance obligatoires : 2 mois + 1 mois

L’employeur doit impérativement respecter deux délais distincts et cumulatifs :

Premier délai : 2 mois avant l’ouverture de la période Selon l’article D3141-5 du Code du travail, l’employeur doit porter à la connaissance des salariés la période de prise des congés au moins 2 mois avant son ouverture. Ce délai s’applique que la période soit fixée par accord collectif ou décision unilatérale.

Second délai : 1 mois avant le départ effectif L’article L3141-16 impose d’informer chaque salarié de ses dates précises de congés au moins 1 mois avant son départ. Cette communication peut se faire par tout moyen (affichage, email, courrier) mais doit être traçable.

⚠️ Le non-respect de ces délais permet au salarié de refuser les congés imposés sans risque de sanction. L’employeur s’expose également à des dommages-intérêts pour préjudice subi.

Pour faciliter cette gestion complexe des délais, l’utilisation d’un planning congés digital permet de notifier automatiquement les équipes et de conserver une preuve de l’information.

Maximum 24 jours ouvrables consécutifs (4 semaines)

La limite légale absolue : l’employeur ne peut JAMAIS imposer plus de 24 jours ouvrables consécutifs de congés payés, soit l’équivalent de 4 semaines (article L3141-17 du Code du travail).

Cette règle s’applique dans TOUS les cas :

  • Fermeture annuelle : même si l’entreprise ferme 5 semaines, seules 4 peuvent être imposées
  • Congés d’été : impossible d’obliger un salarié à prendre ses 5 semaines d’un coup
  • 5ème semaine : elle DOIT obligatoirement être prise à une autre période

Cas particulier : Si l’entreprise ferme plus de 24 jours ouvrables, l’employeur doit verser une indemnisation au moins égale à l’indemnité de congés payés pour les jours excédentaires (article L3141-31).

 

Articles du Code du travail applicables

Article Contenu Application pratique
L3141-1 Droit aux congés payés 2,5 jours/mois pour tous
L3141-12 Période de prise Du 1er mai au 31 octobre minimum
L3141-16 Délai information dates 1 mois avant départ
L3141-17 Durée maximale 24 jours consécutifs max
L3141-31 Fermeture entreprise Indemnisation si > 24 jours
D3141-5 Délai période 2 mois avant ouverture

Dans quels cas l'employeur peut-il imposer des congés ?

L’imposition de congés payés n’est légale que dans des situations précises, encadrées par le Code du travail et les conventions collectives. Voici les cas autorisés.

Fermeture annuelle de l’entreprise

La fermeture annuelle constitue le cas le plus fréquent de congés payés imposés. L’employeur peut décider de fermer totalement l’établissement, obligeant ainsi tous les salariés à prendre leurs congés simultanément.

Conditions à respecter :

  • Consultation obligatoire du CSE (Comité Social et Économique) si existant
  • Information des salariés 2 mois avant la période
  • Durée maximale : 24 jours ouvrables (4 semaines)
  • Si fermeture > durée des congés acquis : indemnisation obligatoire

Secteurs concernés : BTP (fermeture août), industrie automobile (juillet-août), commerces (janvier), restaurants (février). L’utilisation d’un logiciel paie saas permet d’automatiser le calcul des indemnités pour les salariés n’ayant pas acquis suffisamment de congés.

 

Cas du salarié nouvellement embauché : Si un salarié n’a pas acquis assez de congés, trois options :

 

  1. Congés par anticipation (avec accord du salarié)
  2. Congés sans solde (accord obligatoire)
  3. Indemnisation par l’employeur

Ordre des départs et critères légaux

L’employeur peut fixer l’ordre des départs en congés pour assurer la continuité du service. Cette organisation doit respecter des critères objectifs et non discriminatoires.

Critères légaux prioritaires (article L3141-15) :

  • Situation familiale : salariés avec enfants scolarisés prioritaires pour les vacances scolaires
  • Ancienneté dans l’entreprise
  • Activité chez d’autres employeurs (multi-employeurs)
  • Contraintes du conjoint (congés dans une autre entreprise)

Processus obligatoire :

  1. Définition des critères (accord collectif ou décision employeur)
  2. Consultation du CSE sur l’ordre des départs
  3. Information des salariés sur les critères retenus
  4. Communication individuelle 1 mois avant le départ

La mise en place d’un projet SIRH incluant un module de gestion des congés permet d’automatiser l’application de ces critères tout en garantissant l’équité.

Circonstances exceptionnelles

L’employeur peut modifier des congés déjà accordés uniquement en cas de circonstances exceptionnelles, avec un préavis d’au moins 1 mois.

Exemples de circonstances exceptionnelles reconnues :

  • ✅ Commande exceptionnelle et imprévisible
  • ✅ Décès ou absence prolongée d’un salarié clé
  • ✅ Sinistre affectant l’entreprise
  • ✅ Pandémie avec mesures gouvernementales

NE sont PAS des circonstances exceptionnelles :

  • ❌ Mise en chômage partiel
  • ❌ Baisse d’activité prévisible
  • ❌ Réorganisation planifiée
  • ❌ Pic d’activité saisonnier habituel

Jurisprudence : La Cour de cassation exige que l’employeur prouve le caractère imprévisible ET exceptionnel de la situation (Cass. soc., 19 juin 1996, n°93-46.549).

Congés imposés : situations spécifiques

Certaines situations particulières méritent une attention spéciale concernant les congés payés imposés. Les règles diffèrent selon le contexte.

Congés payés imposés et chômage partiel

Règle fondamentale : L’employeur NE PEUT PAS imposer des congés payés pour éviter le recours au chômage partiel.

Cette interdiction est absolue et s’applique même en cas de difficultés économiques. La jurisprudence considère que le chômage partiel n’est jamais une circonstance exceptionnelle justifiant l’imposition de congés.

Ce que l’employeur peut faire :

  • Encourager les salariés à prendre leurs congés acquis
  • Négocier un accord collectif sur la prise de congés
  • Proposer des congés par anticipation (avec accord individuel)

Ce qui est interdit :

  • ❌ Imposer unilatéralement des congés pour éviter le chômage partiel
  • ❌ Modifier les congés déjà posés en invoquant l’activité partielle
  • ❌ Réduire le délai de prévenance sous prétexte de difficultés économiques

Le suivi du calcul de la masse salariale permet d’anticiper les difficultés sans recourir à des pratiques illégales.

Congés imposés pendant une rupture conventionnelle

Les congés payés imposés durant une procédure de rupture conventionnelle obéissent à des règles spécifiques selon le moment de la notification.

Si les congés étaient fixés AVANT la rupture :

  • Le salarié DOIT prendre ses congés aux dates prévues
  • Le préavis est suspendu pendant les congés
  • Le préavis reprend après les congés (prolongation équivalente)

Si aucun congé n’était fixé au moment de la notification :

  • Interdiction d’imposer unilatéralement des congés
  • Les dates doivent être fixées d’un commun accord
  • Sans accord : les congés seront payés à la fin du contrat

Cas du licenciement : Mêmes règles que la rupture conventionnelle. L’article D3141-3 interdit d’imposer des congés pendant le préavis, sauf fermeture de l’entreprise.

Salariés en CDD et congés imposés

Les salariés en CDD ont les mêmes droits que les CDI concernant les congés payés imposés : acquisition de 2,5 jours ouvrables par mois et mêmes règles d’imposition.

Particularités pour les CDD :

  • CDD < 1 mois : indemnité compensatrice de 10% du salaire brut
  • CDD avec terme précis : congés imposables selon les mêmes délais
  • CDD saisonnier : possible fermeture durant la basse saison
  • Fin de CDD : paiement des congés non pris obligatoire

L’entretien individuel de fin de mission doit clarifier le solde de congés et les modalités de paiement.

Les droits du salarié face aux congés imposés

Les salariés disposent de droits et recours face aux congés payés imposés par leur employeur. Ces protections garantissent l’équilibre entre pouvoir de direction et respect de la vie privée.

Peut-on refuser des congés imposés ?

Principe : Le salarié ne peut pas refuser des congés imposés dans le respect des règles légales.

Exceptions permettant le refus légitime :

  1. Non-respect du délai de 2 mois pour la période
  2. Non-respect du délai d’1 mois pour les dates
  3. Dépassement des 24 jours consécutifs
  4. Discrimination dans l’ordre des départs
  5. Modification tardive sans circonstance exceptionnelle

Conséquences d’un refus illégitime :

  • Retenue sur salaire pour absence injustifiée
  • Sanction disciplinaire (avertissement à licenciement)
  • Perte du droit aux congés concernés

Protection spéciale : Les représentants du personnel bénéficient d’une protection renforcée. L’employeur doit tenir compte de leurs mandats dans la planification.

Recours en cas de non-respect des délais

Lorsque l’employeur ne respecte pas les délais légaux des congés payés imposés, plusieurs recours s’offrent au salarié.

Actions possibles :

1. Refus immédiat et maintien au travail Le salarié informe par écrit (email, courrier AR) qu’il refuse les congés pour non-respect des délais et reste disponible pour travailler.

2. Saisine de l’inspection du travail Signalement à la DREETS qui peut :

  • Rappeler l’employeur à ses obligations
  • Dresser un procès-verbal
  • Transmettre au procureur si récidive

3. Action aux prud’hommes Demande de dommages-intérêts pour :

  • Préjudice moral (désorganisation personnelle)
  • Préjudice financier (frais d’annulation, perte de réservations)
  • Montants constatés : 500 à 3000€ selon le préjudice

4. Alerte des représentants du personnel Le CSE peut :

  • Interpeller l’employeur en réunion
  • Déclencher un droit d’alerte
  • Assister le salarié dans ses démarches

La mise en place d’un coffre fort rh permet de conserver toutes les preuves des communications sur les congés.

FAQ : Questions fréquentes sur les congés payés imposés

L'employeur peut-il imposer 3 semaines de congés d'affilée ?

Oui, l'employeur peut imposer 3 semaines consécutives (18 jours ouvrables), tant que cela ne dépasse pas la limite de 24 jours ouvrables. Il doit respecter les délais de prévenance habituels.

Peut-on imposer des congés pendant le préavis ?

Non, selon l'article D3141-3 du Code du travail, l'employeur ne peut pas imposer de congés pendant un préavis, SAUF en cas de fermeture de l'entreprise déjà programmée.

Un salarié peut-il refuser des congés imposés ?

Non, sauf si l'employeur n'a pas respecté les délais légaux (2 mois pour la période, 1 mois pour les dates) ou dépasse les 24 jours consécutifs autorisés.

Combien de jours l'employeur peut-il imposer pour éviter le chômage partiel ?

Aucun. Il est strictement interdit d'imposer des congés payés pour éviter le recours au chômage partiel. L'employeur peut seulement encourager la prise volontaire.

L'employeur peut-il imposer les 5 semaines de congés ?

Oui, mais pas en une seule fois. Il peut imposer les 5 semaines sur l'année, mais par périodes de 24 jours ouvrables maximum (4 semaines consécutives).

Que faire si l'employeur modifie mes congés à la dernière minute ?

Sans circonstance exceptionnelle prouvée ET sans respect du délai d'1 mois, vous pouvez refuser cette modification et maintenir vos congés initiaux. Conservez une trace écrite.

Les RTT peuvent-ils être imposés comme les congés payés ?

Les règles diffèrent : l'employeur peut imposer certains RTT selon les accords collectifs, généralement avec un délai de prévenance de 7 jours. Consultez votre accord d'entreprise.

Un employeur peut-il annuler des congés déjà validés ?

Uniquement en cas de circonstances exceptionnelles (commande urgente imprévisible, sinistre...) avec un préavis d'1 mois minimum. Le chômage partiel n'est PAS une circonstance exceptionnelle.

Tableau récapitulatif des règles des congés payés imposés

Situation Délai minimum Durée maximale Article Code du travail Sanctions possibles
Annonce période de congés 2 mois D3141-5 Refus légitime du salarié
Communication dates départ 1 mois L3141-16 Dommages-intérêts
Congés consécutifs 24 jours ouvrables L3141-17 Indemnisation obligatoire
Modification pour circonstances exceptionnelles 1 mois 24 jours L3141-16 Nullité de la modification
Fermeture entreprise 2 mois + consultation CSE 24 jours L3141-31 Indemnité si > 24 jours
Ordre des départs 1 mois L3141-15 Discrimination sanctionnée

Conclusion : Gérer légalement les congés payés imposés

Les congés payés imposés représentent un équilibre délicat entre organisation de l’entreprise et droits des salariés. L’employeur dispose d’un réel pouvoir de direction, mais strictement encadré : délais de 2 mois et 1 mois, limite de 24 jours consécutifs, interdiction absolue en cas de chômage partiel.

Pour une gestion sereine, trois recommandations essentielles :

  1. Anticipez : planifiez vos périodes de congés imposés en début d’année
  2. Communiquez : informez clairement et dans les délais légaux
  3. Documentez : conservez les preuves des communications et consultations

L’utilisation d’outils adaptés comme un logiciel de gestion des congés facilite le respect de ces obligations tout en maintenant un climat social apaisé.

N’oubliez pas : le non-respect de ces règles expose l’entreprise à des contentieux coûteux et détériore durablement les relations sociales. En cas de doute, consultez votre convention collective qui peut prévoir des dispositions plus favorables aux salariés.

Peut-il imposer 2 semaines consécutives pendant l’été ?

Oui, l’employeur peut imposer deux semaines de congés consécutives pendant l’été, ce qui est d’ailleurs une pratique courante dans de nombreuses entreprises. Cette période correspond souvent aux vacances scolaires, facilitant ainsi la gestion familiale des salariés.

 

Cependant, cette obligation doit être prévue dans les accords collectifs, le règlement intérieur ou décidée avec un délai d’information suffisant. L’employeur doit aussi tenir compte des contraintes personnelles des salariés lorsque cela est possible.

L’employé peut-il exiger 3 ou 4 semaines d’affilée ?

Contrairement à une idée reçue, un salarié ne peut pas exiger que ses congés soient pris en une seule fois, surtout s’il s’agit de 3 ou 4 semaines d’affilée. La loi prévoit un droit au fractionnement des congés, et c’est généralement à l’employeur de valider l’organisation.

 

L’employeur peut donc refuser une demande de congés longs si cela perturbe le fonctionnement de l’entreprise. Il peut aussi imposer que les congés soient pris en plusieurs fois, notamment pour garantir la continuité du service.

Est-il possible d’imposer la totalité des 5 semaines ?

L’employeur peut effectivement imposer la prise des 5 semaines de congés payés, mais il ne peut pas contraindre à ce qu’elles soient prises en une seule période. La loi encadre la durée minimale et maximale des périodes de congés obligatoires, et impose un équilibre entre prise collective et droits individuels.

 

Cela signifie que si l’entreprise ferme, elle peut obliger les salariés à prendre leurs congés durant cette période, mais devra aussi permettre de répartir le reste des congés selon les règles habituelles et les accords en vigueur.